top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurLudivine

Laylow : la polyvalence entre cinéma et rap

Dernière mise à jour : 29 mai

Aucun fan de rap n’a pu passer à côté. Élus concerts de l'année au festival Les Flammes, les deux Bercy de Laylow ont conquis le monde de la musique. Sa montée en puissance s’est accélérée depuis la sortie de son projet Trinity, mais avec son dernier album L’Etrange Histoire de Mr.Anderson, le rappeur à l’univers atypique est sur le devant de la scène. Son succès est lié en grande partie à son originalité, à sa créativité et à sa maîtrise de plusieurs domaines qui se complètent mutuellement, et qui façonnent un ensemble cohérent et esthétique.


crédit photo: Thibaut Grevet, Vogue

Une passion pour le digital, l’audiovisuel et le cinéma


Même si Jérémy Larroux, alias Laylow, a d’abord commencé par la musique en s'inspirant de son grand frère qui rappait déjà, il s’est vite intéressé au domaine de la vidéo et de l’image. En effet, il explique par exemple dans une interview pour Konbini qu’il s’exerçait seul sur des logiciels d’infographie pour faire des couvertures de pochettes d’albums ou encore de montage vidéo et de modélisation 3D pour réaliser des clips.


Après un an de déscolarisation à la suite du lycée où il rappe avec des petits groupes à Toulouse, il est séduit par le monde de la réalisation et décide d’aller étudier le cinéma à l’université de Paris-Diderot. Il a visionné de nombreux films durant son cursus, ce qui lui a permis d’élargir son éventail culturel et de nourrir ses inspirations. Laylow dit s’intéresser particulièrement aux films de gangster, tels que Casino, Scarface ou Les Affranchis et aux films de science-fiction comme Mad Max ou Blade Runner : "j’aime tout ce qui me déconnecte du monde".


La réalisation de clips lui apporte de la notoriété et de l’expérience


Ensuite, Laylow s’associe à son ami réalisateur Osman Mercan. Ils créent TBMA en 2013, TB pour le personnage Travis Bickle de Taxi Driver et MA pour Mr.Anderson de Matrix (acronyme que Laylow garde encore aujourd’hui). Malgré leur petit budget, ils se font connaître dans l’industrie du rap et réalisent des clips pour des artistes influents. Nous pouvons citer Martin Eden de Nekfeu, Lapt de Mister V ou encore Godzilla de Hamza.



Laylow expliquera plus tard que "dans le monde du clip, ça va vite". Grâce à la participation à ces projets, Jey fait des rencontres et commence à affirmer sa propre marque de fabrique, son propre style visuel. Il participe d’ailleurs également au Nikon Festival avec la réalisation du court métrage muet Je suis l’origine d’un choix. Vivre du cinéma lui permet d’assurer ses arrières financièrement et donc de prendre plus de libertés dans le rap.


Laylow et Osman Mercan

crédit photo: Twitter DigitalMundoFC


Le cinéma et le rap comme recette pour créer une aura et un environnement inédit


C’est grâce à ses talents techniques en réalisation et à sa large culture cinématographique que Laylow crée une musique singulière et réfléchie : "je veux faire du rap comme personne". Il aime confectionner un projet de A à Z pour que son imagination se retrouve dans tous les éléments de sa création. Pour lui, l’image et le son c’est du 50-50. Sa direction artistique est très recherchée.


Dès son premier projet Mercy, les clips dégagent une atmosphère digitale, avec des

couleurs saturées comme dans celui de Lime. Le clip de Division rouge nous fait vraiment penser à des séquences tournées pour le cinéma, avec une sorte d'interlude qui laisse totalement place à l'intrigue de la vidéo.



On retrouvera une ambiance de lumières fluorescentes dans le projet suivant avec le clip de

Digitalova, tourné à Tokyo. Les trois clips de .RAW (nom qui fait référence à un format photo et vidéo informatique), sont tournés en Californie, la région phare du cinéma. Ensuite, le clip Maladresse de l’album .RAW-Z est sans doute un des clips les plus réussis du rappeur. Sur le toit d’un immeuble surplombant une ville futuriste illuminée, Laylow incarne parfaitement bien son rôle. Il fera part dans une interview de son envie de faire de l’acting. La balle filmée au ralenti à deux reprises fait au passage référence au film Wanted. "J’aime toujours caller deux ou trois références". Nous ne pourrons même pas toutes les énumérer dans cet article.


Le clip de Vent de l’est, en format carré comme celui des vieilles télévisions, dégage une mélancolie et confirme l’attrait de Laylow pour les films de gangster avec le couteau en sang à la fin. Les clips cumulent les jeux de plans et de mouvements de caméra ainsi que les effets visuels. Certains dégagent un réel flow, une présence, et une ambiance très particulière et étrange (par exemple dans Megatron ou dans Spécial avec Nekfeu)


Avec les deux derniers projets Trinity et L’Etrange Histoire de Mr.Anderson, le talent du toulousain se manifeste encore davantage. Les clips, les références, les paroles, les instrumentales : tout est relié. Finalement, ces albums-concepts sont comme des films audios, mis en image grâce aux clips. La transmission d’émotions est bien supérieure. Comme un artiste de cinéma, le rappeur souhaite toucher son public en décuplant leurs sentiments. Il a notamment parlé de sa manière de travailler en expliquant qu’il regardait des films ou des vidéos en studio en même temps de créer. Il utilise ce qu’il appelle le "stylo-caméra" : une rime ou une phrase peut poser une scène, comme un bon plan dans un film.

Tournage du clip de Spécial


Dans les deux albums, les sons s’enchaînent avec cohérence et sont entrecoupés d’interludes. Du début à la fin de l’écoute, nous suivons une histoire se déroulant dans une dimension parallèle et auprès de personnages énigmatiques.

Dans Trinity, les inspirations viennent plutôt de la science-fiction et du digital (films Matrix, Simone, Brazil, Her) alors que dans L’Etrange Histoire de Mr.Anderson, nous entrons plus dans le conte, dans le mystérieux. Laylow dit s’être inspiré de Tim Burton mais aussi des films Edward aux mains d’argent, Phantom of the Paradise ou encore Fight Club et Get out. Même s’il est fan de tout ce qui est digital, Jey voulait une nouvelle fois innover : "je kiffe les contes". Il s’est d’ailleurs tatoué le lapin d’Alice aux pays des merveilles sur son bras il y a plusieurs années.


Il sort un court métrage d’une grande qualité avant l’album, et cela va permettre de fixer les décors et les personnages (toujours la Lamborghini jaune comme depuis Mercy, les deux parties de lui-même à savoir Jey et Mr.Anderson). Là encore, on peut retrouver de nombreuses références (maison de Charlie et la chocolaterie par exemple) mais aussi des symboles très subtils comme la clé de voiture qui représente les clés de la réussite. Tout est interconnecté et travaillé méticuleusement : "c’est super dur de construire une œuvre, de les lier ensemble".


Avec les concerts à Bercy, Laylow séduit et atteint le sommet de son art


Après deux concerts uniques à Paris sold-out très rapidement, les vidéos tournent sur les réseaux sociaux. La qualité et la dimension du concert ont impressionné et ont confirmé les promesses de la bande-annonce. J’ai eu la chance d’assister à ce show, et je peux confirmer que la mise en scène était très réussie et éblouissante. Lors de Lost Forest, la tension monte au fur et à mesure et on finit par voir Laylow tomber comme s’il recevait une balle dans la tête. Dans son interview pour CliqueTV, Laylow affirme avoir voulu créer une sorte de mini-film en écrivant les paroles du morceau, avec un décor (la forêt) et un drame qui se produit (les violences policières). La scénographie et les costumes variés étaient présents durant tout le concert. Une maison qui prend feu pour Dehors dans la night, juste après Voir le monde bruler, des moments plus calmes avec des anges noirs, peut-être les fameux Fallen Angels, qui dansent sur du violon. Certains parlent même du meilleur concert du rap français.


Pour conclure, nous pouvons dire que Laylow développe un rap unique. Plus que du rap, c’est une véritable construction artistique. Maîtriser plusieurs domaines lui permet de produire de la grande qualité et de transmettre les émotions au maximum. En parcourant YouTube, nous trouvons souvent des commentaires tels que "Laylow monte en puissance que ce soit dans la réalisation de ses clips, les lyrics et l’univers qu’il construit autour". Depuis ses derniers projets, il est apparu récemment dans plusieurs feats réussis avec Doums, Binks Beatz, Dinos et Jok'Air à deux reprises, Prinzly ou même SCH.


Son retour en solo ne saurait tarder. A la fin de son concert à Bercy, il a annoncé travailler sur un projet encore différent. Les initiales AOD (Age of Digital?) portées de nombreuses fois durant la performance sur les vêtements et les décors et la phrase projetée à la fin du show sur des écrans géants ("No Merch, AOD is coming") semblaient être un indice. "Vous savez déjà que j’taff sur une nouvelle dinguerie. C’est un peu comme la fin de l’album précédent, et le début d’une nouvelle ère". C'est ce qu'a conclut le Man of the year.

bottom of page