L.
Prince Waly - Moussa
Le premier album de Prince Waly fête ses 1 mois et c’est pour nous l’occasion de revenir dessus. Une oeuvre qui nous a vraiment plu et qui, par bien des aspects, pourrait ressembler à un petit classique dans les prochaines années.
On a tenté de rédiger un petit guide pour appuyer nos propos.

Guide pour créer un classique
La cover
Tout commence par la pochette. Et quelle pochette. En même temps, elle est réalisée par Fifou, auteur des plus belles images du rap francophone.
La cover est super importante dans une œuvre artistique. C’est elle qui va entre autre fonder la mémoire collective en ce qui concerne le souvenir d’un album. « Tu te rappelles ce son de Nirvana ? Il est dans quel album déjà ? Tu sais celui avec le petit gamin dans l’eau là !! »

Le thème
La voix d’Arthur Teboul, chanteur du groupe de rock Feu! Chatterton, ouvre d’une manière magistrale l’œuvre comme pour dire que le Boyz est bien là et que l’histoire est toujours la même. On avait laissé un Prince Waly à l’attitude de gangster, tout de noir vêtu dans « BO YZ », et cela se ressent au début de l’album, jusqu’au titre « Movie », titre de cinéaste (comme le suggère Cenza de l’uZine au début du track).
Puis arrive « Moussa », qui est autre que le Prince lui-même mais via le prisme de sa chère et tendre.
La Range Rov’(ou la Mercedes) s’est crashée. Les plaies ont cicatrisées. Les mains sont lavées. La prière peut commencer. Waly est plus sûr de lui et pourtant moins dans l’apparat. Les certitudes ne sont plus les mêmes. Pour briller et réussir, pas besoin de clean shoes mais de l’amour des femmes de sa vie : ses sœurs, sa Julia, sa mère.
D’ailleurs, l’amour est personnifié par la voix de sa mère qui lui parle en Soninké sur le chef d’œuvre « mercy » qui clôture l’album mais aussi par les vocalises envoûtantes d’Enchanté Julia qui filent tout au long de l’oeuvre.
Finalement quel autre thème peut être aussi universel que celui-ci ?
A l’instar d’un Disiz, qui a appelé et dédié son dernier album sur cette thématique, les 2 artistes ont réussi à cristalliser beaucoup d’émotions et de vécu personnel en une oeuvre cohérente et dans laquelle il est facile de se projeter.

L'intemporalité
Difficile d’en être sûr. Mais ce qui définit bien la capacité d’une œuvre à rester dans la mémoire, c’est son caractère intemporel. Et les productions y sont pour beaucoup. Réalisées par Crayon, JayJay, LamaOnTheBeat, Aayhasis, 3010, High Klassified et Fordstems (que des artistes talentueux déjà bien installés) elles oscillent parfaitement entre des rythmiques très actuelles et instrumentales organiques. Ajouter à ça des vocalises diverses apportant beaucoup de musicalité. L’équilibre est parfait.
Le rap
Finissons par le plus évident.
On retrouve l’écriture très cinématographique propre au Prince, rythmée par une technique de rap parfaite qui ferait pâlir les maîtres de cet art, tel qu’Ill et Dany Dan pour ne citer qu’eux.
En même temps Moussa est adoubé par l’ancienne école (qui ne prend absolument pas un coup de vieux) comme Ali qui lui offre d’ailleurs un feat rêvé et magique mais aussi par la nouvelle comme Freeze et Alpha (qui d’après Waly, a validé certains textes, une valeur sûre).
Tout ça pour dire qu’effectivement il est bien trop tôt pour parler de classique et on ne peut que laisser le temps faire et réévaluer ces propos dans 15-20 ans. Mais une chose est sûre Prince Waly a livré une oeuvre unique et a très bien soigné son retour. Plein de vie, et de bienveillance, il poursuit son marathon. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est prêt.